Le Nœud Borroméen : Un Pont entre Psychanalyse et Tradition selon Alexandre Bleus
Pourquoi Jacques Lacan a-t-il fait du nœud borroméen le cœur de sa pensée tardive ? Dans son article du 1er février 2025, Alexandre Bleus propose une introduction éclairante à cette structure topologique et à son importance pour la psychanalyse. En retraçant l’histoire du concept et en interrogeant sa résonance culturelle, Bleus nous invite à saisir les enjeux profonds de cette métaphore du sujet. Examinons ensemble la portée de cette analyse.
Un tournant dans l’enseignement de Lacan
Alexandre Bleus situe d’emblée l’introduction du nœud borroméen dans le contexte du dernier enseignement de Jacques Lacan (1972-1981). Cette période marque un infléchissement où la psychanalyse se pense désormais à travers des modèles topologiques. Loin d’être une simple digression mathématique, cette approche permet de donner une figuration au sujet et à son articulation entre le Réel, le Symbolique et l’Imaginaire.
Bleus établit un parallèle intéressant avec René Descartes, qui, en unifiant l’algèbre et la géométrie, a transformé notre compréhension du monde. Lacan, dans cette lignée, cherche à inscrire la structure psychique dans une logique spatiale. La psychanalyse, après avoir longuement exploré l’ordre du signifiant, s’ouvre ainsi à une nouvelle dimension : celle du nouage tridimensionnel.
Pourquoi une structure en trois éléments ?
Un point fondamental soulevé par Alexandre Bleus est la question du nombre trois. Pourquoi Lacan choisit-il une figure composée de trois éléments et non de deux ou quatre ? Cette interrogation, loin d’être anecdotique, touche à la fois à la culture, à l’histoire et à la théorie psychanalytique.
Bleus évoque d’abord l’héritage du christianisme, dont la structure trinitaire imprègne profondément la pensée occidentale. Par ailleurs, il rappelle que Freud lui-même, en concevant ses deux topiques (Moi, Surmoi, Ça), a adopté une structuration ternaire de l’appareil psychique. Ce questionnement sur l’origine culturelle de la triade ouvre une réflexion féconde sur la manière dont la psychanalyse s’ancre dans une tradition symbolique plus large.
Le Nœud Borroméen : un symbole ancestral
Au-delà de son intérêt topologique, Bleus retrace l’histoire du nœud borroméen. S’il est associé à la famille Borromée, cette structure apparaît dans plusieurs traditions culturelles : symbolisme bouddhique, motifs celtiques, iconographie médiévale. Cette diffusion témoigne de la puissance universelle du motif.
La famille Borromée l’adopta comme emblème de solidarité et d’interdépendance. Ce choix n’est pas anodin : il reflète leur stratégie politique et matrimoniale, où l’équilibre des alliances garantissait la stabilité du pouvoir. Cette lecture historique éclaire encore davantage le choix de Lacan, qui trouve dans cette figure un modèle pour penser la structure du sujet.
Une structure polysémique
Alexandre Bleus met en évidence que le nœud borroméen n’est pas une invention ex nihilo de Lacan, mais l’actualisation d’un motif traditionnel porteur d’une richesse symbolique. Il ne s’agit pas seulement d’une modélisation mathématique de la psyché, mais d’une structure qui traverse les âges et les civilisations, témoignant d’une intuition profonde sur les relations humaines et les dynamiques du lien.
À travers cette introduction, Bleus pose les bases d’une réflexion essentielle sur la portée du dernier enseignement de Lacan. Que révèle ce nouage sur notre être de langage ? Comment penser les failles et les ruptures de cette structure ? Autant de questions à explorer dans nos futures lectures et discussions.